Parcs nationaux

Le Congo a mis en place une politique ambitieuse de gestion durable des forêts à travers un code forestier adopté en décembre 2000 par le Parlement et la création des aires protégées parmis lesquelles les parcs d’Odzala-Kokoua, de Nouabale-Ndoki et de Conkouati-Douli.

Le parc national d’Odzala – Kokoua

Le parc national d’odzala a été créé le 13 avril 1935. Placé sous la tutelle du Ministère de l’Economie Forestière, il est aujourd’hui l’un des plus vieux parcs d’Afrique et sans doute l’un des mieux préservés, notamment parce qu’il est très enclavé en certains endroits et d’accès encore difficile par la route.

Situé au nord de l’Equateur dans le département de la Cuvette-Ouest, le parc d’Odzala est à environ 500 km de Brazzaville. Etendu sur des collines couvertes de forêts, Odzala est traversé par la rivière Lékoli et bordé au nord par la Mambili, toutes deux affluents de la Likouala. D’une superficie récemment portée à 13 200 km2, le parc constitue, de par son évolution, l’un des écosystèmes forestiers tropicaux les plus extraordinaires.

Sa spécificité réside dans ses immensités forestières formées d’arbres géants (acajou, limba, okoumé, sapelli, sipo, acajou…) parfois de 40 mètres de hauteur, et peuplées de grands mammifères : léopards, panthères, gorilles, éléphants, buffles de forêt, hyènes tachetées, plusieurs variétés d’antilopes (bongos, céphalopodes, chevrotins aquatiques, sita-tungas, sylvicapres…). Le parc abrite 415 espèces d’oiseaux, 100 espèces de mammifères dont une cinquantaine de grands et moyens
mammifères, près de 40 000 gorilles, 10 000 chimpanzés, 4 000 élé¬phants. 11 n’est pas rare d’y trouver rassemblés une multitude d’oiseaux, d’éléphants, de sitatungas et de gorilles. Sa partie sud se caractérise par une zone de mosaïque forêt-savane, avec des forêts-galeries tandis que la forêt dense humide domine dans sa partie nord. Celle-ci, peuplée de plantes herbacées, se caractérise par un sous-bois touffu et une canopée relativement ouverte, abritant de fortes densités de grands mammifères, en particulier des éléphants et des

gorilles. La zone de savane; est actuellement en phase de recolonisation par la forêt, ce qui explique le paysage mélangé de savanes arborées, de bosquets et d’îlots forestiers. La zone de forêt dense du nord du parc contient plus d’une centaine de clairières, des sites hatités par la grande faune. Au nord-6!St du parc s’étend une zone très accidentée, où culmine le mont Ekoutou à 850 m. Sur un dénivelé de 200 m et une distance de 100 km, cet escarpement surplombe la grande zone marécageuse de la rivière Djoua.

Le parc national de Nouabalé-Ndoki

Le parc national de Nouabalé-Ndoki a créé en décembre 1993 à l’initiative du gouvernement congolais pour préserver l’écosystème forestier dans son état naturel et conserver la diversité biologique et botanique de la région. Dès 1991, celui-ci a démarré un processus de consultations auprès autorités locales, régionales et nationales, ainsi que de plusieurs partenaires internationaux dont la Wildlife conservation Society (WCS).

Situé à l’extrême nord du pays, le parc s’étend sur près de 4 000 km2 et recouvre presque 2% des forêts congolaises. La faune et la flore de Nouabalé-Ndoki sont particulièrement riches. Le parc contient plusieurs clairières-salines, appelées “bai” en langue pygmée, qui sont fréquentées par de nombreuses espèces de grands mammifères tels que des éléphants, des gorilles de plaines de l’Ouest, des potamochères, des buffles, des sitatungas, des bongos, des loutres, ainsi que plus de 300 espèces d’oiseaux et 1 000 espèces de plantes. Des marécages en forêt inondée abritent également différentes espèces, dont le céphalophe à front noir.

Le parc national de Nouabalé-Ndoki fait partie de la zone trinationale, une zone plus répandue de forêt relativement non perturbée, qui contient quatre aires protégées et qui s’étend sur trois pays différents (le Congo, la République centrafricaine et le Cameroun). En effet, la frontière ouest du parc congolais est contiguë avec les aires protégées de la République centrafricaine (le parc national Dzanga-Ndoki et la réserve spéciale de Dzanga-Sangha, délimités en 1990), alors que le parc national du lac Lobeke (2001) se trouve de l’autre côté du fleuve Sangha, au Cameroun. Parce que ces quatre aires protégées partagent les mêmes types de forêts et contiennent des populations importantes de grands mammifères en voie d’extinction, cette région constitue un véritable bloc écologique, et les animaux, en particulier les éléphants, traversent les frontières sans encombrement. Pour ces raisons, la zone trinationale est maintenant reconnue au niveau international comme un site de conservation très important, avec une infrastructure déjà développée, un personnel bien formé et des retours économiques significatifs. Les gestionnaires des différents espaces collaborent les uns avec les autres pour assurer la protection des forêts de toute la région. La collaboration
s’exerce aussi dans le domaine des patrouilles anti-braconnage, permettant ainsi aux équipes de surveillance des quatre aires protégées de s’alerter entre elles quand il s’agit de poursuivre un braconnier. Cette coopération trinationale s’est même étendue aux domaines de formation et d’entraînement.

Le parc national de Nouabalé-Ndoki et ses divers programmes de recherche sont financés par plusieurs organismes, dont l’USAID-CARPE, l’US Fish & Wildlife Service, le Colombus Zoo et la MacArthur Foundation.

Le parc national de Conkouati-Douli

La Wildlife Conservation Society (WCS) a créé le parc national de Conkouati-Doulien 1999, englobant l’ancienne réserve de faune de Conkouati, cinq ans après que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ait lancé le projet Conkouati, grâce à des fonds de la Banque mondiale, afin de mettre en place une direction locale de la réserve de Conkouati. Situé dans la région du Kouilou au sud-ouest du Congo, le long de l’o-
céan Atlantique depuis le Cabinda jusqu’au Gabon, le parc national de Conkouati-Douli peut se vanter d’une diversité d’habitat sans égal au Congo. Les frontières de cette aire protégée s’étendent de l’océan Atlantique, à travers un habitat littoral, jusqu’aux zones montagneuses de la forêt Mayombé et de la savane du Niari. Le parc couvre une superficie de 504 950 hectares, formés d’un bassin sédimentaire et d’une plaine littorale sur la côte (29 km de cordon côtier), de plateaux entaillés de vallées marécageuses ou de petites rivières, et de collines constituant les contreforts du Mayombé. Il a récemment été délimité en plusieurs zones : une partie marine, pour la protection des tortues et autres espèces menacées de la côte et des eaux côtières, et des zones d’écodéveloppement ou d’utilisation villageoise pour la chasse et la pêche de subsistance et la récolte du bois de chauffe. L’ancienne réserve de Conkouati et sa périphérie immédiate constituent un ensemble encore relativement préservé de forêts et de milieux aquatiques variés. Le réseau hydrographique du parc est particulièrement important par rapport aux autres aires protégées du Congo. Il abrite plusieurs lacs : le Tchibinda et le Tchivoka entre autres, des rivières (la Ngongo et ses affluents) et la lagune de Conkouati étendue sur 2 400 hectares.

Sa faune est d’une diversité extraordinaire avec plus de quarante espèces de mammifères connus sur ce territoire. Les espèces marines comptent notamment des lamantins, des tortues marines (un des sites moi diaux pour la ponte de ces tortue; des dauphins et des baleines ; les espèces terrestres, dont plusieurs so menacées, dénombrent des éléphan de forêt, des potamochères, des gorilles, des chimpanzés, des mandrills, des buffles de forêt…

L’engagement de la WCS depu 2000 auprès des autorités congolaises dans la gestion du parc de Conkouati a permis la reprise d’un vrai programme de gestion et de conservation sur ce site.

Depuis 2002 en particulier, la lutte contre la déforestation et le braconnage est sans relâche. Le gouvernement congolais envisage par ailleurs de relier les aires protégées du parc national de Conkouati-Douli, au Congo, et du parc national deMayumba, au Gabon, afin de protéger davantage les plages, les marécages et les forêts côtières du littoral du Congo qui sont d’une importance mondiale, notamment en ce qui concerne certaines zones de reproduction de la tortue de mer. Le parc national de Mayumba, qui forme une langue de sable, à l’extrémité sud Gabon, est non seulement riche « attractions touristiques, il est aussi premier site au monde pour la nidification des tortues luths.

Magazine les dépêches n° 86 du 31 janvier 2005